SpacioCorès

2008

  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Vue d’ensemble. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand


    Avec le soutien de la société Bouyer-Leroux
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_IMG_1806
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_IMG_1782
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_IMG_1775
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_IMG_1729 2
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_IMG_1716
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_IMG_1708
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_IMG_1651
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_IMG_1698
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_DSCN5580
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_DSCN5559 - copie
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_DSCN5201
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Vue d'ensemble. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_DSCN5079
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
  • IsabelleFerreira_SpacioCorès_2008_©SebastienDurand_DSCN5080
    SpacioCorès, 2008
    Briques plâtrières, acrylique, tasseaux, 1100 x 1100 cm (121 m2)

    Détail. Centre d’art Passerelle, Brest.

    © Sébastien Durand
SpacioCorès, oeuvre in situ exposée dans le patio du centre d’art Passerelle à Brest, n’est pas une œuvre d’art total – un Gesamtkunstwerk, pourront dire les visiteurs de sa version allemande, installée au Kunstverein Tiergarten de Berlin à l’été 2008 –, et pourtant ! 

Dans sa tentative réussie d’allier les forces et les possibilités de la peinture et de la sculpture, de convoquer les imaginaires de l’architecture et de la musique, de laisser le regard se perdre entre micro-structures et macrocosme, SpacioCorès reprend et réinterprète, à son compte, les tentatives de ces œuvres d’art total, caractérisées par l’utilisation simultanée de plusieurs médiums et disciplines, dont l’histoire de l’art et les artistes sont friands. Ne serait-ce que par son inconscient moderniste et sa volonté de re- trouver une pureté très Bauhaus des formes et des couleurs comme la rigueur mathématique du constructivisme. 

Isabelle Ferreira, elle-même, décide de ne pas définir cette œuvre. Pour elle, la structure, imaginée en tenant précisément compte des particularités physiques et spatiales de son lieu de monstration et de déploiement – comme le montre notamment son léger désaxement par rapport à la symétrie du patio –, n’est pas une « installation ». Mais plutôt une proposition plastique hybride, liant les trois dimensions de la sculpture (le volume, l’espace, la multiplication 
des points de vue) à la planéité de la peinture (la forme, la surface, la couleur). En quelque sorte, une anamorphose perpétuelle en trois dimensions. 

À partir de ces deux répertoires, SpacioCorès s’évade de sa matérialité pour évoquer tour à tour une partition musicale ou une maquette ur- baine, formées de notes, de rythmes, de tours et de modules imbriqués. L’unité comme l’en- semble saute simultanément et successivement aux yeux, selon le point de vue et l’endroit où l’œil procède à la mise au point. De face, Spa- cioCorès paraît imposante et infranchissable. De côté, elle s’élève depuis un socle bas jusqu’à des hauteurs dépassant la taille humaine, toi- sant les deux mètres. En contre-plongée, elle nous perd dans ses perspectives syncopées et ses grandeurs différentes de colonnes. De haut, elle se vit comme une surface plate de 120 m2 où jouent, entre masse et singularités, les verticales et les couleurs. Celles-ci semblent alors danser et vivre entre elles une histoire de la chromie et de la complémentarité des teintes. Ce nuancier gigantesque présente ainsi, sous forme de combinaisons uniques, plus d’une centaine de tons, d’intensités et de luminosités différentes, tous absorbés par la brique, leur support matériel de révélation à la lumière. Cela fait quelque temps qu’Isabelle Ferreira travaille avec ce matériau, élément de base de son vocabulaire formel. La brique, volume presque plat, s’avère être proche d’un format pictural, du pixel, et devient l’unité première d’une écriture infinie et d’un art de la combina- toire. Ses diverses compositions donnent nais- sance à des œuvres de dimensions différentes, allant de l’articulation de quelques briques à des projets de milliers d’unités, visions de pay- sages et d’architectures tentaculaires, à l’image d’une Mexico aztèque fantasmée. 

Chariot (2003), Puits (2004) ont déjà mon- tré les possibilités de cette matière à la fois si pauvre et, de fait, si fertile. Mise en scène de manière brute dans ces deux œuvres, la brique est devenue espace à peindre avec les plus récentes Partition, Tavola et Suite (toutes les trois, 2006). Dans le vocabulaire plastique de l’artiste, l’action de peindre ces briques, deve- nue récurrente, remplace, par une subtile inver- sion, l’utilisation antérieure de châssis empilés. Ceux-ci furent notamment utilisés pour réaliser des sculptures (Construction, 2004 ; Paysage 9, 2004). Même si Isabelle Ferreira n’est plus vraiment « peintre », la peinture conserve ainsi toujours une place majeure dans son travail : soit dans l’utilisation de couleurs primaires non traitées et appliquées de manière basique comme ici ; soit, plus métaphoriquement, dans l’emploi de châssis et le traitement presque immobile de l’image animée, comme dans Sculpture pour une image (2004). 

Ces briques, étalon de l’œuvre, implique un geste précis et fondamental pour le sculpteur : 
celui de pouvoir déplacer, poser, décaler, jouer avec la lumière, les couleurs et les épaisseurs. Elles rendent le travail physique, laborieux au sens noble du terme. Élément premier de la construction visuelle et creuset de l’union entre peinture et sculpture, la brique s’articule à la couleur et aux tasseaux de bois pour faire œuvre. Ces deux éléments — la couleur et le bois — viennent ensuite faire vibrer la struc- ture, dans un acte d’appropriation sensible par l’artiste. Ici, certaines des couleurs ont été posées une fois la structure achevée, comme pour couronner l’installation et immiscer cette sensibilité vibratoire dans l’ordonnancement de la composition. Les tasseaux de bois viennent, eux, lier certains modules entre eux, y introduire des passerelles. De même, le décalage de cer- taines briques, laissant apparaître des lisérés de couleur, participe de cet épaississement des couleurs, des volumes et des rythmes. 

Riche de multiples perspectives, propice à la rêverie comme à la re-connaissance, SpacioCorès forme un paysage visuel et tridimensionnel, aboutissement des recherches actuelles d’Isabelle Ferreira, liant les disciplines et les vibrations pour une plongée esthétique unis- sant ces deux vieux ennemis que sont le volume et la couleur. 


Clément Dirié


SpacioCorès a été réalisé avec le soutien de la société Bouyer-Leroux